Comme tout autre culture, la production de l’igname se fait dans l'enchaînement de plusieurs étapes de pratique. Ainsi, à côté des conditions thermiques , édaphiques, hydriques, photopériodiques ; la bonne exécution des pratiques culturales est une variable qui influence fortement le rendement. Talkag, la bibliothèque du savoir agricole fait le point sur la préparation du sol et le semis qui représentent les deux premières étapes cruciales.
LA PRÉPARATION DU SOL ET LE SEMIS : DEUX PREMIÈRES ÉTAPES CRUCIALES DANS LA PRODUCTION DE L’IGNAME
LA PRÉPARATION DU SOL POUR LA PRODUCTION DE L'IGNAME
Généralement, cette étape commence par le défrichage de la parcelle. Celui-ci consiste à aménager le terrain en vue de faciliter le labour qui suivra. En effet, concernant le labour, en Afrique de l’Ouest, dans les zones productrices, l’on assiste majoritairement à la confection de crêtes (buttes) faisant office de lit de semis.
Une fois réalisé, ce travail permet de déstructurer le sol. Ceci, par le mélange des différents horizons de ce dernier. Ainsi, les inégalités sont atténuées entre plantes voisines ; pour l’accès aux éléments nutritifs d'une part et l’inégalité en termes de taux de croissance, de stade de développement ou de rendement d’autre part.
Hauteur des buttes ou billons
Le choix de la taille des billons ou buttes n’est pas hasardeux. En effet, une butte qui est de grande taille favorise le développement des tubercules. Alors, confectionner de grosses buttes d’un mètre de hauteur ou parfois plus ; se fait dans l’optique de mettre les tubercules à l’abri de l’hydromorphie dans les zones basses. Tout compte fait, la hauteur du lit de semis est fonction du choix de l’agriculteur, de la topographie du champ et de la variété à planter.
En général donc, les buttes peuvent avoir 20 à 45 cm de hauteur et 1.2 à 1.5m de diamètre. Notons aussi que par endroit, les billons servent de lit de semis. En outre, l’intégration de la fumure organique bien décomposée à l’installation est possible.
Densité
Quand l’agriculteur opte pour la confection des buttes ; la détermination de la densité se fait déjà lors de cette opération de travail du sol. C’est pourquoi la distanciation entre ces lits de semis doit être fonction des objectifs, des variétés et des conditions pédoclimatiques.
Par exemple, la production de gros tubercules de poids unitaire supérieur à 5 kg a besoin d’une faible densité de plantation de l’ordre de 3000 à 4000 pieds par hectare. Dans le cas des tubercules moyens (propices pour la commercialisation) ; une densité plus forte fluctuante entre 4444 (1,5 x 1,5 m) et 10 000 pieds/ha (1 x 1 m) est convenable.
LE SEMIS
La semence
En général, l’igname (une plante dioïque) est reproduite de manière végétative. Ainsi, les semences sont des tubercules entiers ou des fragments de tubercules (4 à 6 fragments ou 6 à 8 fragments) appelés semenceaux. Ces derniers sont issus de la récolte précédente et plantés pour engendrer une nouvelle plante qui fournira la récolte suivante. Pour les cultivars précoces, la deuxième récolte constitue la plupart du temps la semence de la saison suivante. Autrement, les tubercules servent de matériel de plantation.
Notons que la disponibilité de semenceaux est l’une des contraintes de la filière igname. À ce sujet, un paradoxe se constate ; en effet, le marché des tubercules de consommation se développe quand celui des semenceaux peine à prendre forme.
Date de semis
Concernant la période de semis ; décembre et janvier sont les mois appropriés. Les variétés ayant une courte période de dormance (Laboko par exemple) ; arrive tôt sur le marché (août et juillet) ; ainsi, on les plante en début du mois de décembre. Par contre pour les cultivars sensibles à la chaleur ; ils doivent être plantés profondément et tardivement vers la fin du mois de février ; en vue d'éviter la pourriture dans les buttes.
Toutefois, il faut noter que, la date de semis varie non seulement avec les variétés ; mais elle dépend aussi fortement en fonction du début de la saison des pluies. En outre, il est important de noter que le moment de la journée le plus favorable pour la plantation est le matin de 6h30 à 11 heures.
Technique de plantation
L'on nous conseille de tremper les fragments d’igname dans une solution d’eau mélangée à un fongicide homologué ; sécher pendant 24 à 48 heures à l’ombre avant de les semer. On peut également enrober les semenceaux avec de la cendre immédiatement après découpage.
Usuellement, les semenceaux se déplacent latéralement dans la butte, du côté du soleil couchant. Mais aussi l'on les plante au sommet de la butte ; lorsque celle-ci est coiffée. Ces spécifications visent à diminuer l’effet des chocs thermiques durant la période de fortes chaleurs de décembre à avril. Les ignames sont généralement plantées en lignes et regroupées par variété. Le taux de levée avoisine généralement 95 %. Mais ce taux peut baisser à la survenance des conditions exceptionnelles; à l’instar de l'arrivée tardive de pluie et de la mauvaise qualité des semenceaux.
Après insertion des semenceaux, l'on chapeaute les buttes d’igname avec un paillage dans le but de protéger la semence et son développement. Le chapeau permet de retenir l’humidité et de limiter l’élévation de la température à l’intérieur de la butte durant la saison sèche.
Finalement, la bonne conduite de ces deux étapes est fondamentale. Celles-ci constituent un prélude aux opérations culturales liées les unes aux autres. Concernant particulièrement le lit du semis ; remarquons que le choix des buttes offre plusieurs avantages au dépens des billons ou tout autre option.
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